Investir dans le vin
Sans doute l’une des spécialités françaises les plus populaires, le vin fait partie intégrante du patrimoine culturel français. Sa consommation procure tant plaisir que prestige depuis des décennies, ayant fait du vin un véritable symbole international de notre gastronomie. En effet, le secteur viticole demeure le deuxième secteur exportateur national derrière celui de l’aéronautique, il se place notamment second à l’échelle internationale derrière l’Italie.
Evidemment, le secteur viticole (comme tout secteur économique) est régi par certaines lois très classiques : on y retrouve des producteurs, des consommateurs, et surtout des investisseurs ! Voilà donc notre sujet aujourd’hui : dans un marché toujours en expansion, jouissant d’une visibilité internationale sans précédent, quel intérêt peut-on trouver à investir dans le vin ?
Le marché du vin : entre fonctionnement et perspectives.
Avant même de se pencher sur la pertinence ou non d’un investissement dans le secteur viticole, il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement du marché du vin et les perspectives futures qu’on lui consacre.
Premièrement, il est essentiel de souligner la segmentation du marché du vin : celui-ci est composé de trois sous-marchés. On retrouve notamment les vins de table, les vins mousseux et les vins fortifiés. Également, le marché du vin est extrêmement segmenté au niveau des acteurs qui le composent : on compte notamment plus de 80 000 exploitations sur le territoire national et les entreprises spécialisées dans le secteur viticole ne jouissent jamais de part de marché dominante.
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Lorsqu’on ajoute que la demande de consommation est faiblement élastique, on comprend bien que le marché du vin peut être un secteur intéressant d’un point de vue « investisseur ». La crise du coronavirus l’a notamment démontré puisque le secteur viticole n’a été que très peu impacté financièrement par les différents confinements et leurs répercussions économiques : c’est donc un marché résilient.
Il apparaît donc pertinent de se positionner sur un tel marché, surtout quand on connaît l’image symbolique du vin qui attire de plus en plus de touristes chaque année. Un marché résilient donc, et dont les perspectives semblent prometteuses.
Comment investir dans le vin ?
Maintenant que l’on comprend l’intérêt financier de se positionner sur le secteur viticole, il est important de comprendre les différentes façons d’investir dans le vin.
Il est clair que la manière d’investir dans le vin la simple et la plus accessible reste l’achat de bouteilles de vin. Il est évidemment possible de se procurer des bouteilles directement auprès de producteurs, lors de ventes aux enchères ou plus traditionnellement chez des détaillants. L’idée est assez simple : elle consiste à se constituer une cave et donc à stocker un certain nombre de bouteilles de vin afin de les revendre après un certain temps. On mise donc sur l’appréciation de la valeur de la bouteille de vin.
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Investir dans le vin via l’achat et le stockage de bouteille a le mérite de proposer une approche démocratique de l’investissement viticole, néanmoins elle présente quelques inconvénients. En effet, le stockage et la logistique nécessitent des conditions particulières afin de garantir une bonne conservation des bouteilles de vin : la cave ne doit pas subir de variation de température trop importante, elle doit aussi compter un certain degré d’humidité afin de prévenir l’oxydation du vin qui mènerait à une forte perte de valeur. Aussi, certains frais annexes doivent être pris en compte, notamment en matière d’assurance afin de prévenir toute conséquence financière d’un éventuel dommage.
En résumé, cette solution très populaire incarnant « l’investissement-plaisir » présente certains inconvénients qui ont tendance à freiner les investisseurs les plus rentables et aguerris.
C’est notamment pour pallier ces inconvénients que sont nées les caves d’investissement. Evidemment, la logique d’investissement reste la même : elle vise à investir dans le vin en achetant des bouteilles tout en assurant leur bonne conservation au cours du temps afin de favoriser l’appréciation de leur valeur. Cependant, les caves d’investissement ont la force de proposer un service clef en main qui permet à tout investisseur particulier d’éviter les contraintes liées à la logistique et au stockage. C’est donc un prestataire qui s’occupe d’acheter et de revendre les bouteilles de vin afin de faire fructifier les investissements réalisés au sein de la cave tout en assurant leur bon stockage. En matière d’investissement viticole, cette solution est également construite sur un atout indéniable : ce sont les gérants de la cave d’investissement qui s’occupent de la revente des bouteilles (c’est un véritable atout quand on sait la difficulté à établir la valeur des bouteilles tant le marché viticole demeure un marché opaque).
Evidemment, il n’existe pas de solution d’investissement parfaite, et investir dans le vin via des caves d’investissement présente également des contreparties. L’inconvénient principal est évidemment financier, puisque l’accès à ce genre de solution est très souvent conditionné par un ticket d’entrée de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Cette solution n’est donc pas démocratisée et s’adresse davantage à des investisseurs désireux avant tout de faire fructifier leur capital que d’autres plus attirés par l’univers du vin avant tout.
Si les deux premiers types d’investissement viticoles que nous venons d’énumérer tendent à se rapprocher de l’image plus « traditionnel » de ce genre d’investissement, il est clair que l’ingénierie financière ne s’est pas arrêtée là en matière d’investissement viticole. En effet, il est aujourd’hui possible à tout particulier d’investir directement dans le vin grâce aux marchés financiers à partir d’un compte-titre ordinaire.
Cet investissement a été rendu possible par l’émergence de quelques fonds d’investissement spécialisés dans le vin. Parmi eux, on compte notamment Nobles Crus et Uzès Grands Crus qui sont deux fonds d’investissement agréés par l’autorité des marchés financiers (AMF). La valorisation de ce genre de fonds dépend donc directement de l’évolution du marché du vin (London International Vinters Exchange), ce qui permet notamment une forte diversification (et donc un risque minoré) comparé à l’investissement dans quelques bouteilles de vins.
Nous venons donc d’énumérer trois solutions différentes qui, pourtant, ont un point commun. En effet, investir dans des bouteilles de vin directement, via une cave d’investissement ou encore via un fonds dont la performance est indexée sur le marché viticole suppose d’investir dans le vin en tant que produit fini. Si ces solutions peuvent être pertinentes en fonction des profils et des besoins des investisseurs, il existe cependant la possibilité d’investir dans le vin avant même sa production : on parle alors de détenir des propriétés viticoles. Effectivement, cet investissement apparaît d’abord fou tant on sait l’expertise nécessaire à la gestion d’un domaine viticole. Néanmoins, il est aujourd’hui possible de d’être l’heureux propriétaire de vignes dont la gestion est déléguée. Cette solution, ce sont les groupements fonciers viticoles. L’idée est assez simple : elle consiste à regrouper un groupe d’investisseurs qui, par la mutualisation de leurs fonds, deviennent propriétaire d’un domaine viticole dont la gestion est déléguée pour une durée d’au moins 18 années. En échange, des loyers sont versés aux propriétaires fonciers ou l’exploitant se doit de leur vendre des bouteilles du vin produit à prix cassés.
Evidemment, investir dans le vin via un groupement foncier viticole nécessite une nouvelle mois une mise de départ conséquente. Généralement, il est nécessaire de débourser 20 000 euros afin d’acquérir des parts de ce type de société (même s’il existe des opportunités d’investissement comptant des frais d’entrée moins importants).
Investir dans le vin via des groupements fonciers agricoles permet donc d’investir dans le vin d’un point de vue davantage immobilier que mobilier, ce pourquoi elle nécessite un certain capital de départ et n’est pas accessible à tout type d’investisseur.
Pourquoi investir dans le vin ?
Avantages :
S’il est essentiel de bien comprendre les différentes méthodes qui rendent l’investissement dans le vin possible, il est nécessaire de se demander si, de manière générale, l’investissement dans le vin correspond bien à notre profil d’investisseur. Pour cela, il faut évidemment avoir en têtes les avantages et les inconvénients propres à ce type d’investissement.
Premièrement, il est bon de rappeler que l’investissement dans le vin est un investissement atypique souvent associé à un « investissement plaisir » dont la « cave à vins » demeure l’épitome. Il se rapproche ainsi de l’investissement dans l’art dans la mesure où il s’agit d’un produit consommable quasi-uniquement réservé à des spécialistes du domaine.
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Ensuite, c’est la tangibilité de ce type d’actif qui offre une certaine tranquillité aux investisseurs qui se penchent sur le sujet. Par sa dimension physique, l’investissement dans une bouteille de vin demeure bien plus rassurant que l’investissement dans une action ou une obligation dont on sait le risque de ne plus rien valoir. Evidemment, cet argument est plus ou moins valable selon la méthode d’investissement choisie (que nous avons énumérées ci-dessus).
Investir dans le vin, c’est aussi la promesse d’un retour sur investissement plus important que ce que les marchés traditionnels proposent. On remarque en effet que les bons vins surpassent régulièrement certains indices traditionnels tels que le CAC40 ou Dow Jones en termes de performance financière. Depuis la fin des années 1990, le vin s’est apprécié deux fois plus que l’industrie américaine et dix fois plus que l’or.
Evidemment, il est nécessaire de préciser les risques sous-jacents à l’investissement dans le vin, surtout à la lumière des rentabilités exceptionnelles proposées par le secteur. Encore une fois, le vin est un bon élève. Nous évoquions précédemment la tangibilité de l’investissement dans le vin gage de sécurité pour les investisseurs mais ce n’est pas tout. Le marché du vin est parfaitement décorrélé des investissements dits « traditionnels » ce qui est en fait une valeur résiliente et donc intéressante en matière de diversification de portefeuille.
Enfin, le marché du vin présente des caractéristiques propres en termes de structure de marché : l’offre tend à diminuer avec le temps (puisque les productions annuelles sont limitées) alors que la demande tend à croître structurellement. Ces caractéristiques en font donc un marché inflationniste structurellement et donc profitable aux investisseurs sur le long-terme.
Inconvénients :
Investir dans le vin reste un placement alternatif au sens où le marché viticole fait preuve d’une certaine opacité. Les prix des vins fluctuent énormément alors qu’il n’existe aucun système de cotation centralisé. En ce sens, il est nécessaire de prendre des pincettes avant d’évaluer la valeur d’une bouteille par exemple, ceci expliquant que le marché viticole demeure un marché d’experts.
Aussi, nous avions déjà précisé les coûts propres au stockage et à la logistique, ajoutons-cela les risques liés à la dégradation et au vieillissement des bouteilles de vin : la tangibilité de ce type d’actif fait ainsi naître de nouveaux risques qu’il est nécessaire d’avoir en tête avant de se lancer !
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Enfin, il est important de souligner le risque de contrefaçon lié à l’opacité du marché. Evidemment, ces deux dernières contraintes concernent davantage l’investissement dans les bouteilles de vins, par le biais de cave d’investissement ou non d’ailleurs.
C’est pourquoi, comme tout type d’investissement, nous préconisons à tout investisseur désireux de se lancer dans le secteur viticole d’avoir un horizon de temps allez long pour pouvoir « lisser » ces risques.
Un point sur la fiscalité :
Pour commencer avec le plus simple, il est évident que les plus-values réalisées via des fonds d’investissement dans le cadre d’un compte-titre ordinaire sont soumises au régime de la flat-tax (12,8% d’impôt sur le revenu ainsi que 17,8% de prélèvements sociaux).
Concernant les bouteilles de vin stockées et conservées dans des caves dédiées, et qui font l’objet de ventes irrégulières (ce qui serait le cas d’un investisseur occasionnel), il est important de noter que l’investissement dans le vin fait l’objet d’une exonération d’impôt dès lors que le montant de la cession n’excède pas les 5 000 euros. On notera donc que pour tout investisseur cherchant à effectuer des ventes régulières, il sera obligatoire de déclarer cette activité professionnelle notamment via un régime micro-BIC pour débuter.